Tiken Jah Fakoly.
Posté par bricabraque le 18 novembre 2007
Tiken Jah Fakoly entouré d’enfants.
Doumbia Moussa naît dans le nord ouest de la Côte d’Ivoire en 1968. Il prend le nom de Fakoly en référence à un de ses aïeux, un des chefs de guerre de Soundiata Keita, le fondateur de l’empire Mandingue au XIIIème siècle. Il se réclame ainsi de l’héritage de la confrérie des chasseurs (qui existe depuis le VIIème siècle), à l’origine de la Charte du Mandé, un serment passé entre les chasseurs et Soundiata Keita, l’engageant à fonder son royaume sur l’entente, l’amour, la liberté et la fraternité, par delà les différences ethniques.
Chanteur engagé, Tiken Jah Fakoly pourfend la « Françafrique », la politique africaine de la France (voir le chapitre sur la politique étrangère de la France), qui n’hésite pas (faut-il parler au passé ?) à apporter son soutien aux régimes dictatoriaux et corrompus tant que ces derniers s’engagent à ne pas toucher aux intérêts français dans leurs pays ; ce néo-colonialisme qui a pris le relais de l’exploitation coloniale.
Sa chanson « Françafrique » dénonce : « La politique Francafriqua/c’est du blaguer tuer[…]/Pendant que nous nous battons/Ils pillent nos richesses/et se disent surpris de toujours voir l’Afrique en guerre/Ils ont brûlé le Congo, enflammé l’Angola[…]Ils cautionnent la dictature/Tout ça pour nous affamer. » Dans « Y en a marre », il lance « Après l’abolition de l’esclavage/ils ont créé la colonisation/lorsque l’on a trouvé la solution, ils ont créé la coopération/Comme on dénonce cette situation/ils ont créé la mondialisation/Et sans expliquer la mondialisation, c’est Babylone qui nous exploite ».
Il refuse le regard paternaliste et condescendant des media occidentaux dès qu’ils évoquent l’Afrique. Il fustige le durcissement de la politique migratoire en Europe, particulièrement en France. Lors de son concert parisien à l’Olympia (septembre 2007), il dénonçait le recours aux tests ADN dans le cadre de la politique de regroupement familial (dans « où allez où ? », il adopte le point de vue des jeunes hommes désespérés qui tentent le tout pour le tout pour rallier l’Europe, vue comme un Eldorado, d’où la déception de nombreux immigrés une fois arrivés en France : « Un Africain à Paris »). Il dénonce le discours de Nicolas Sarkozy en visite à Dakar et la vision qu’il donne de « l’Africain », fataliste et passif, résigné à subir la mondialisation.
La pochette du dernier disque de TJF (avec une référence évidente à la confrérie des chasseurs).Mais il réserve aussi ses critiques aux nombreux dirigeants africains corrompus. Depuis une dizaine d’années, Fakoly fustige ces dirigeants qui se maintiennent au pouvoir coûte que coûte (« Mangercratie »), la fraude électorale, mais aussi l’excision (« Non à l’excision »), les mariages arrangés (« Ayebada »), les politiques d’émigrations restrictives (« ouvrez les frontières »). Aux yeux de nombreux Ivoiriens, il est devenu le porte-parole d’une autre Afrique, démocratique, égalitaire, fraternelle.
Porte voix des opprimés, lui qui se déclare « en guerre permanente contre l’injustice et l’inégalité », il trouve dans le reggae le courant musical idéal pour porter son message. Musique de lutte et de rébellion, « le reggae dit ce que les autres musiques ne disent pas ».
http://www.dailymotion.com/video/x178zo
Il milite pour une unité africaine, la réconciliation des Ivoiriens. « A partir de 2000, le combat politique est devenu très agressif. On est passé de l’ivoirité à un nationalisme exacerbé. […] Une guerre religieuse en Côte d’Ivoire, je pense que c’et vraiment n’importe quoi. » Il s’engage de plus en plus dans le mouvement alter mondialiste et se prononce pour l’annulation de la dette des pays africain. TJF est aussi le président de Toloni, une association pour le développement de l’éducation et de la scolarisation.
Son militantisme et ses messages dérangent, au point qu’il a du s’exiler à Bamako, après l’assassinat d’un de ses amis (le comédien Camara H). Lui-même a reçu des menaces de mort. Désormais, il attend beaucoup des élections qui doivent se tenir en Côte d’Ivoire en 2008, en espérant qu’elles soient réellement démocratiques. D’ici là, TJF continue de creuser son sillon, persuadé que « la musique est l’arme du futur », comme le disait le grand Fela Kuti.
Lien: le site officiel du chanteur.
- Pour compléter, regardez cet épisode du dessous des cartes, qui revient sur l’histoire de la Côte d’Ivoire, afin de mieux comprendre les problèmes actuels auquel le pays est confronté:
IL est tres important de se servir de la musique aussi pour denoncer
mais biensur ssa sufit pas
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