Le rapport Khrouchtchev.
Posté par bricabraque le 5 décembre 2007
Le XXème Congrès du PCUS.
Le XXème Congrès du PCUS s’ouvre le 14 février 1956, devant les représentants des PC du monde entier. Le 24 février, alors que le Congrès touche à sa fin, Khrouchtchev convoque les délégués soviétiques, et eux seuls, à une réunion à huis clos. Il se lance alors dans la lecture d’un rapport qu’il a rédigé peu avant (rapport Khrouchtchev), dans lequel il dénonce les crimes de Staline. Tout le bloc soviétique sort ébranlé de cette épreuve.
Le texte s’inspire d’un rapport de Piotr Pospelov, nommé à la tête d’une commission chargée d’enquêter sur les années 1935-1940. Rapport complet, qui revient sur les répressions de 1937-1938, qui se soldent par l’exécution de près de 700 000 personnes. Or, ces informations, compromettantes pour de nombreux dirigeants toujours en place, ne peuvent être divulguées. Khrouchtchev, exécutant de crimes de masses pendant
la Grande Terreur (1937-1938) en tant que responsable du PC pour la région de Moscou, rédige un rapport, inspiré du rapport Pospelov, « nettoyé » de tous les passages gênants pour le régime et ses dirigeants encore en poste.
Ce rapport Khrouchtchev ne remet pas en cause la légitimité du régime, il ne dit rien des répressions qui touchent les victimes soviétiques ordinaires : les millions de victimes de la collectivisation forcée des campagnes, de la dékoulakisation (1929-1932) ou de la grande famine en Ukraine (1932-1933). Il focalise son propos sur les seules victimes communistes des répressions staliniennes. Il évoque longuement les purges des cadres communistes en 1937-1938, déplore les épurations des cadres de l’armée (la plupart de ceux qui sont illustrés lors de la guerre d’Espagne notamment), mais passe sous silence les déportations massives dans les camps du Goulag.
Khrouchtchev en 1956.
Malgré ces silences, le contenu du rapport fait l’effet d’une bombe, car il revient pour la première fois sur des aspects méconnus ou tus de la période stalinienne.
Surtout, monsieur K concentre ses attaques sur Staline. Il dénonce :
- le culte de la personnalité de Staline, sa paranoïa maladive qui le pousse à éliminer tous ceux susceptibles de lui faire ombrage ou de fomenter un complot contre lui. Il révèle la fabrication de faux complots comme celui « des blouses blanches », qui entraîne l’élimination des médecins juifs du Kremlin, accusés de vouloir l’empoisonner (janvier 1953).
- les purges des cadres communistes en 1937-1938, lors de
la Grande Terreur. Sur les 139 membres du comité central du parti communiste élu en 1934, 98 ont été arrêtés et exécutés en 1938 ! Le recours systématique à la torture, physique et mentale, permet d’obtenir les aveux les plus improbables de la part des accusés. Ces pratiques font aussi l’objet des attaques de Khrouchtchev.
Il évoque les critiques que Lénine formule à l’encontre de Staline dans son « testament », fin 1922, ce qui constitue une révélation pour la plus grande partie de l’auditoire.
Il défait le portrait du Staline « chef de guerre », stratège génial, dont les choix auraient permis de triompher des troupes nazies. Il pointe au contraire son incompétence et ses hésitations, auxquelles il attribue les désastres militaires de 1941 et 1942.
Il revient sur les responsabilités de Staline et Beria dans la déportation des peuples caucasiens accusés de collaboration avec l’occupant nazi (1943-1944).
La statue de Staline à terre à Budapest en octobre 1956.
Ce rapport n’est pas destiné à une large diffusion. Seuls les délégués soviétiques assistent à la lecture de Khrouchtchev. Seuls les chefs des délégations communistes les plus importantes reçoivent un exemplaire du rapport (le Polonais Bierut, le Bulgare Tchervenkov, le Hongrois Rakosi, l’Allemand de l’Est Ulbricht, le Chinois Wang-Chia-hsiang, l’Italien Togliatti, le Français Thorez). Khrouchtchev prévient : « Rien ne doit transpirer à l’extérieur du Parti, en particulier dans la presse. (…) Nous ne devons pas fournir des munitions à l’ennemi. Nous ne devons pas laver notre linge sale sous ses yeux. » Mais rapidement, ce « rapport secret » est publié en Occident (juin 1956), à cause d’une fuite, sans doute
la Pologne.
Les conséquences immédiates de la divulgation du rapport sont immenses, aussi bien dans le bloc soviétique qu’en Occident. Poznan s’embrase en juin 1956. Afin de dissuader toute nouvelle remise en cause de la tutelle soviétique, Khrouchtchev doit reculer. Dans un texte de juin 1956, il rend un hommage au « grand théoricien et organisateur » que fut Staline.
Sources:
- Article de N. Werth, dans l’histoire n°305, janvier 2006.
- Les archives du Monde, dans le Monde 2, N°225 du 25 février 2006.
Très bon article cher collègue, que j’ai immédiatement conseillé à mes élèves de Terminale.
Au plaisir de se recroiser sur la toile.
j aurais une question
quelle est l importance de ce rapport sur l’évolution du monde socialiste ?
Compte-rendu d’ouvrage :
Le Rapport Khrouchtchev et son histoire
De Branko Lazitch
Nancey Simon le 10/12/08
Introduction :
Le Rapport Khrouchtchev et son histoire est un ouvrage paru en 1976 aux éditions du seuil. Cet ouvrage est extrait de la collection point histoire imprimé à Évreux en septembre 1986 (la première édition parut en 1976 sous le même éditeur). Le texte n’a pas été traduit.
En effet son auteur, Branko Lazitch est né en Serbie en 1923, il participe à la résistance yougoslave, avant de s’expatrier en Suisse à la fin de la guerre. Il soutient une thèse de doctorat sur « Lénine et la IIIe Internationale » (1950). Proche de Boris Souvarine, il collabora longtemps à la revue « Est-Ouest », à « l’Express » et à différents journaux et revues. Les Éditions, ainsi que la revue du même nom, Est-Ouest présentent le meilleur de la littérature et de la photographie de l’« Autre Europe »
Il est naturalisé français, et devient spécialiste de l’union soviétique et du mouvement communiste international, il a publié de nombreux ouvrage sur le sujet comme les partis communistes d’Europe 1919 1955 (1956) ;Lénine et la 3 eme internationale (1950); Biographical dictionary of the Comintern; Tito et la révolution yougoslave [1937-1956] (1957) … Il collabore avec différentes universités comme celle de Stanford ainsi qu’avec d’autres grands historiens. Il a d’ailleurs écrit pour ceux ci un grand nombre de préfaces comme celle de L’Argent de Moscou (l’histoire la plus secrète du PCF), par Victor Loupan et Pierre Lorrain. Ouvrage traitant de l’origine des fond du PCF (parti communiste français).
Le rapport Khrouchtchev et son histoire se découpe en 3 parties bien distinctes qui porte pour la première sur l’histoire du Rapports, la deuxième est constitué du rapport dans son intégralité et la troisième d’une série de 16 documents, essentiellement des correspondances extraites des archives ou de certains documents laissé par Lénine sauf un concernant Trotski et deux autres de Staline. Une chronologie clos l’ouvrage; plutôt légère elle retrace les faits essentiels de la révolution de 1917 à la mort de Staline (1953) .
Le Rapport Khrouchtchev n’est pas un texte écrit par Branko, mais un texte présenté et annoté par ce dernier. L’auteur nous éclair sur les sous entendus du texte, ou sur les références historiques justes ou erronées qu’a fait Khrouchtchev lors de la présentation du rapport. Il a été rédigé par Pospelov, un vieu complice de Staline membre dans les années trente de son secrétariat personnel, il avait été responsable de l’Agit-Pop du parti() de 1937 à 1939, au temps des grandes purges, puis directeur de l’institut Marx-Engel-Lénine-Staline en 1949-1952, à l’époque du culte effréné de la personnalité.
La première parti explique pourquoi Khrouchtchev a produit ce rapport comment il a été diffusé et les différents impacts qu’il a eu sur les relations internationales, entre et au sein des pays dis « impérialistes », mais aussi dans les pays satellites à la Russie et au sein même de celle ci.
La deuxième parti est une version annoté et expliqué du Rapport de Nikita Khrouchtchev par Branko Lazitch. La troisième parti se rapporte directement à la deuxième, ce sont les documents, du moins pour quelque uns, dont Khrouchtchev fait mention dans son ouvrage. Ces documents ont été donnés à chaque délégué lors de la séance à huit-clos. Le rapport Khrouchtchev a été exposé au XXéme congrès du parti communiste de l’Union Soviétique ( PCUS) le 25 février. Il est exposé devant 1436 délégués ( principalement des ouvriers ) et fait sensation. Il fait sensation de par les révélations sur Staline et ses méthodes mais aussi de par son caractère très réquisitoire à l’encontre du petit père des peuples. Dans ses grandes lignes l’ouvrage s’attache à la dérive stalinienne par rapport à la doctrine marxiste léniniste mise en place par Lénine.
En apparence le rapport n’est pas un texte très compliqué et ont peu se demander pourquoi un auteur à la notoriété de B.Lazitch s’est penché sur une explications de cet ouvrage ? Et pourquoi l’a t-il accompagné d’une histoire de ce rapport ?
Pour comprendre cela il convient dans un premier temps d’étudier rapidement la personne de N.Khrouchtchev dans sa dimension politique c’est a dire les postes qu’il a occupé, a quelles occasions et comment les a t-il obtenu. Ensuite nous étudierons les sujets des différents chapitres et les contradictions qui se mêlent dans le rapports. Pour finir par les retombé du rapport dans la politique soviétique que l’ensemble des documents de l’ouvrage nous laisse entrevoir.
I) Introduction à l’œuvre de Branko Lazitch
a) Khrouchtchev
Il est né en 1894 dans une famille pauvre, fils de mineur, il a travaillé comme berger puis ouvrier avant de s’engager dans la Grande Guerre puis de combattre dans les troupes bolcheviques. Des études tardives lui permettent d’obtenir un diplôme d’ingénieur. Il fait carrière dans l’appareil du parti : il accède au Comité central (1934), au Soviet suprême (1937). En 1938, il est nommé par Staline premier secrétaire du parti en Ukraine, où il entreprend une accélération de la politique de russification de la région (c‘est à dire de mater les revendications nationalistes). Il entre au Politburo, l’organe dirigeant de l’URSS, en 1939,il est chargé de l’annexion de la Pologne orientale à la suite du traité germano-soviétique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il prend une part active à la défense de Stalingrad. Rappelé à Moscou il entre au présidium en 1952 ( remplace le Politburo ) et est secrétaire du Comité central ( CC), chargé des questions agricoles. Après avoir organisé les obsèques de Staline (mars 1953), on établit le 5 mars 1953, un triumvirat composé de Malenkov, Beria et Molotov assure la succession au Kremlin mais la réalité du pouvoir revient à Beria, chef de la police (KGB). Khrouchtchev participe alors à l’élimination de Beria. Cela lui vaut la fonction de Premier secrétaire du Parti communiste d’Union soviétique (PCUS). Durant les trois années qui suivent, Khrouchtchev élimine progressivement les autres prétendants à la succession de Staline, notamment Malenkov et des anciens proches du « petit père des peuples ». Le 8 février 1955, Gheorghi Malenkov, président du Conseil des ministres et du présidium, confesse devant le Soviet suprême une série d’erreurs. Il démissionne mais, signe des temps nouveaux, il n’est pas exécuté retournant ainsi à la bonne vieille tradition léniniste !
Nikita Khrouchtchev, ayant vaincu son principal rival, il lui offre généreusement un strapontin au Conseil des ministres. Ayant bien compris que la population russe aspire à des changements, il prône une politique de réformes politiques (libéralisation du régime et amnistie d’anciens opposants) et économiques. La priorité est ainsi donnée à la production de biens de consommation afin d’améliorer les conditions de vie des Russes. Maître du puissant parti, il se sert de cette fonction, comme Staline avant lui, pour éliminer ses rivaux. Il lance une grande campagne en vue de la mise en culture des «terres vierges» du Kazakhstan avant de passer aux choses sérieuses… Et aussitôt réoriente la politique soviétique.
Durant les années qui suivent, Khrouchtchev élimine progressivement les autres prétendants à la succession de Staline, des anciens proches du « petit père des peuples ».
b) L’ histoire du rapport secret par Branko Lazitch
La première parti uniquement de faits posthumes à Staline et est principalement axée sur le rapport . Comme on la dit, le rapport est exposé en février 1956 et est à la fin déclaré confidentielle (cf p15 « Khrouchtchev déclare : aucune nouvelle à ce sujet ne devra filtrer à l’extèrieur ». Mais très vite au nom du centralisme démocratique le rapport est lu à l’intérieur du PC, le rapport fuit vers la Pologne puis tombe dans les mains des américains ce qui abouti à sa publication début juin dans le New York Time. Le texte diffusé se révèle authentique (avant fin 1956) mais il n’est paraît-il pas intégral. Cela n’est qu’un procédé pour faire croire aux pays satellites que le texte envoyé en occident n’était pas conforme à l’original. Il faut noter que les années Staline sont marquées par le mensonge permanent, or ce rapport vient bousculer cet ordre établi ou du moins c‘est que Khrouchtchev veut faire croire. Les dirigeants ne peuvent plus utiliser désormais la question du qui le dit ? Des anti-communiste ! Non cette fois ci le document vient du numéro 1 du parti, de son secrétaire général. On assiste donc à une rupture entre certain parti communiste. En effet avant le rapport, Staline et son système étaient défendu et même glorifiés par l’ensemble des partis communistes. Mais le rapport crée des dissidences entre le PCUS et les autres PC ou du moins entre certains. Par exemple il se crée, avec Mao, un conflit ce dernier se voulant fidèle à Staline. Dans l’ensemble les PC pensent qu’il faut critiquer Staline mais ils ne sont pas d’accord quant à les méthodes à utiliser. Très vite on le voit, le rapport prend une dimension international. En 1957 Bertram D. Wolfe en dit que c’est peut être le plus important document jamais produit dans le mouvement communiste.
Mais dénoncer Staline reviens a dénoncer le système et donc les cadres. C’est à cause de cela que Khrouchtchev se retrouve confronté aux autres cadres du parti lorsqu’il soumet la proposition d’une enquête sur Staline. Mais cela change au XXIIeme congrès ( fin 1961 )qui ouvre la voit à la contestation comme le dit Soljenitsyne. Ce congrès n’est pas tenu à huit clos à l’inverse de tous les autres. Khrouchtchev n’est plus seul, les dètraqueurs de Staline sont au nombre de 20. Mais ce n’est qu’une illusion très vite Khrouchtchev se retrouve évincer et son rapport n’est plus, pour reprendre un terme Orwellien qui exprime très bien le système soviétque, qu’un non rapport.
II) Le Rapport Khrouchtchev et son histoire
Nous allons procédé ici à une analyse critique des neuf chapitres du rapport dans le but d’en dégager l’essentiel et de comprendre ce qui a poussé Branko Lazitch à publier une histoire du rapport.
I
Le premier chapitre place Lénine en fondateur de l’Union Soviétique. En effet il débute sur les origines du parti et de Lénine. Lénine est décrit comme ayant fondé un parti fort et centralisé.
On lit à la page 56 « son esprit [Lénine] perspicace se manifesta dans le fait qu’il détecta à temps en Staline les Caractéristiques négatives qui eurent plus tard de graves conséquences ». Renforcé deux lignes plus bas par « craignant pour l’avenir du parti Lénine jugea parfaitement Staline ». Des le début de son discours Khrouchtchev attaque ouvertement Staline et n’ hésite pas à faire référence à Lénine pour justifier ses critiques. Ainsi à la page 57 il fait mention du « testament de Lénine » et juste après rappel qu’en 1926 Staline avait déclaré que c’était un faux suite à sa parution en Occident. On le retrouve parmi les documents joints aux délégués. Il pause ici le problème des falsifications Staliniennes. Cela le mène aux faut procès de 1937 ou ont été condamnés à mort Kamenev et Zinoviev en rappelant qu’ils ont toujours servi le Parti.
Dans ce chapitre Khrouchtchev insiste sur le fait que Lénine est catégoriquement opposé à Staline, ses techniques… Dés 1922 il sait que Staline n’est pas le successeur idéal et le poste de secrétaire général ne doit pas lui être confié. Par cela Khrouchtchev montre que Staline a été une erreur à l’origine d’une grande dérive du marxisme léninisme soviétique. Malgré ça, comme on peu le lire aux dernières lignes de la page 61, il ne ni pas le fait que Staline a permit l’assise des Léninistes.
II
Le deuxième chapitre reprend l’idée que Staline a été bénéfique a la lutte contre les factions antiléniniste du parti mais ajoute que pour y arriver il a mi en place un système de répressions massives qui ont fait des centaines de milliers de morts. C’est un des rares cas où Khrouchtchev fait mention du peuple dans son ensemble et ne réserve pas sa « pitié » aux cadres du parti.
Ensuite Khrouchtchev nous présente une énumération d’erreurs qu’a fait Staline. Pour cela il fait ressortir des archives les informations néfastes comme l’utilisation à outrance de l’appellation « ennemi du peuple ». Par cela à la manière d’une lettre de cachet Staline faisait enfermé ou supprimé n’importe qui sans jugement. La encore Khrouchtchev veut montrer que Staline s’est écarté de la doctrine Léniniste. Ce dernier est à l’origine du terme « ennemi du peuple » utilisé en 1917 pour faire emprisonner les KD, SR et autres oppositions idéologiques. Alors que Staline étend la pratique du terme au parti tout entier. Comme cela est stipulé dans le titre ce chapitre Khrouchtchev dénonce l’utilisation de la terreur pour gouverner. Il rappel que cela a conduit à l élimination de membres loyaux au parti
La encore on voit comme axe la dérive de Staline par rapport à Lénine qui lui été opposé à la suppression de membre du parti, au contraire il voulait qu’on les réinsère. Khrouchtchev insiste sur l’abus qu’a fait Staline des répressions massive et sur son caractère brutal « qui jadis avait alarmé Lénine » p 70
Il termine le chapitre sur un fait important, celui comme quoi Staline gouvernait seul, ne respectait pas les règles de vie du parti et donc piétinait le principe Léniniste de direction collective du parti.
On voit la que Khrouchtchev insiste sur le fait que Staline s’occupé de tout et donc été responsable de tout… Ce qui annonce le 3 eme chapitre qui est à mon avis un des chapitres révélateurs des intentions de Khrouchtchev.
III
Le chapitre III est axé sur la grande purge, les procès monstre et frauduleux des années 1936 1938. Après le XVII eme congrès Staline exerce une forte répression sur les artisans de l’état socialiste, il se débarrasse de la vieille garde. Je pense qu’il est nécessaire ici de rappeler pour une bonne compréhension du texte que c’est à cette époque que Khrouchtchev accède à de très hautes fonctions au sein du Parti communiste. C’est ainsi qu’il s’occupe de la construction du métro de Moscou. En 1937, il dirige le Parti communiste d’Ukraine et réprime les menées «nationalistes». Or a travers les purges Khrouchtchev veut désavouer Staline. Dans ce chapitre on en apprend beaucoup sur les pratiques de Staline, ses méthodes et la cruauté dont il fait preuve. Peu à peu le premier secrétaire du parti fait de Staline un être détestable, un tyran. L’auditoire semble choqué par les propos de Khrouchtchev.
Au deuxième chapitre il avait été question du terme d’ennemis du peuple, là on apprend que Staline utilise dans ces années de purges le terme ennemi masqué du peuple avec toute la subtilité que ce terme comprend. Le champ lexical employé est beaucoup plus direct comme à la page 87 « torture cruelles et inhumaines » p 89 témoignage de Eikhé sur les calomnies qui ont poussé à son arrestation et ses conditions de détentions. Les faux procès apparaissent comme une révélation pour l’auditoire, tant par leurs techniques que leur tenues ou leur circonstance. Pour Khrouchtchev le but est simple : supprimer les cadres du parti. C’est ici que le chapitre devient intéressant, car après avoir dénoncer les crimes il faut trouver un responsable. Au chapitre II Khrouchtchev déclare que Staline gouverné seul, il est donc le seul responsable. Il rappel ensuite que Staline supprimait ses opposants, on ne pouvait donc ne faire qu’obéir. Ce qui l’amène à innocenter ceux qui agissaient sous ses ordres car Khrouchtchev sait que son rôle dans les grandes purges n’est pas nul et veut donc s’innocenter. On peut lire à la page 97 « Les faits prouvent que nombres d’abus ont été commis sur les ordres de Staline sans tenir compte des règles du parti et de la légalité soviétique ». Puis un peu plus loin on lit que « Staline était un homme très méfiant, maladivement soupçonneux » et pour finir à la page 100 « Ainsi, les ordres de Staline quant à l’emploi des méthodes de pression physique à l’égard des individus arrêtés se trouvaient en pratique exécutés ».
Ce chapitre a donc une double dimension, celui d’accuser Staline et d’innocenter les autres cadres du PCUS, c’est pour ça que je trouve que ce chapitre est révélateur car il explicite un des but de Khrouchtchev.
IV
Dans la quatrième phase du rapport, Khrouchtchev casse le mythe de Staline grand capitaine. Il revient sur l’approche qu’a eu « le chef » dans les années qui précédaient la deuxième guerre mondiale. Il expose les moyens qu’avait Staline à l’époque et qu’il na pas su employé comme les avertissements qui lui ont été donné en Union Soviétique comme par les autres nations. Il rappel les purges d’officiers visant à épurer l’armée mais qui l’aurai en faite mise à nue. Dans les pages 111 112 il tien des propos fort contre Staline d’où il ressort que Staline n’avait que faire de son armée. Le livre L’Armée rouge assassinée – 22 juin 1941, d’ Alexandre Nekritch, (Grasset, 1968) reflète bien l’idée de Khrouchtchev. On voit dans ce chapitre une progression de ce dernier au sein de l’opinion de son auditoire qui semble se ranger de son coté. Les « applaudissements prolongés » sont de plus en plus réguliers et augmentent tout au long du discours pour finir par une ovation et même des exclamations « C’est juste ! » p 151.
V
Ce chapitre traite des génocides et des déportations qu’ont subit les populations satellites à la Russie. Khrouchtchev met la sédition de Tito sur le compte des erreurs de Staline, qui seraient à l’origine de la rupture avec Budapest mais il oubli de souligner que l’ensemble du politburo était avec Staline et ne ménageait pas leur propos. De plus Khrouchtchev, était au moment des purges secrétaire général du PC ukrainien et s’est lui même occupé du problème des nationalités. On voit ici que Khrouchtchev veut montré que Staline se voulait être le principal agent des relations internationales et qu‘on devait réussir ce qu‘il exigeait sous peine de se faire exécuter. Pour expliciter cela il utilise l’affaire des médecins assassins (très récente) et le camarade Ignatiev chargé par Staline d’obtenir des « confessions » de la part de ces médecins, il se serait exprimé ainsi « Si vous n’obtenez pas de confession de la part des docteurs, nous vous trancherons la tete ». L’auditoire sait désormais à quoi s’en tenir. Ce chapitre s’inscrit donc dans la continuité du chapitre III.
VI
Ce chapitre montre aussi un gros intérêt. Béria comme on l’a vu dans la première partie à été « supprimé » par Khrouchtchev. Il lui consacre un chapitre tout entier et cela n’est pas anodin. En effet Béria, en 1953, tente de libéraliser le régime. C’est le «dégel». Mais Beria est évincé et exécuté dès le 26 juin 1953 par ses comparses qui lui reprochent l’insurrection ouvrière de Berlin-Est, dix jours plus tôt.
Parmi les instigateurs du coup de force figure un apparatchik (homme d’appareil) influent Nikita Khrouchtchev. L’auteur [Branko Lazitch] trouve nécessaire de marquer le début de chapitre par une très longue annotation sur le rôle de Khrouchtchev dans cette affaire. En effet Khrouchtchev dénonce Staline mais des la disparition de ce dernier, il n’hésite pas à adopter les mêmes techniques. Les mots à l’encontre de Beria ( ennemi, espion, traîne dans des affaires sales et honteuses, confident de Staline…) sont dès le début du texte assassin et injustifié, il aurait très bien pu le traité d‘ennemis caché du peuple. Khrouchtchev sait que Staline n’est plus là pour accuser ses actions il emploi donc les mêmes méthodes que Staline, il discrédite Béria avec des arguments douteux datant pour certain d’ il y a 20 ans ou avec des témoignages plus ou moins fiables. Il fait disparaître le crime derrière l’horrible portrait qu’il dresse de Béria. On voit donc le chapitre VI en opposition avec le chapitre III sur le point de vue idéologique.
VII
Ici Khrouchtchev dénonce le culte de Staline dans la ligné du chapitre IV. Ce dernier a durant les trente dernières années élevé sa personne au rang de génie militaire ( démenti dans le chapitre IV), de personne d’une dimension supérieur à la parole juste et n‘ayant pas lieu d‘être contredit. On voit effectivement qu’avant sa mort il y a en URSS un véritable stalinocentrisme. Les exemples ne manquent pas, il crée des prix qui porte son nom dans tous les domaines, rebaptise des ville (selon Khrouchtchev, mais il ne crée que Stalingrad), fait édifier des monuments à sa gloire ( il est toujours en vie), met a contribution des écrivains afin de développer une propagande littéraire ( on note que Khrouchtchev fait ici la même chose en employant Pospelov). Cette littérature fait l’éloge de sa piété, de son génie, de son impartialité et de sa modestie. Khrouchtchev va jusqu’à nous dire que Staline aurait réécrit certains passages de sa biographie, ce qui est certes possible, mais l’ensemble de l’auditoire l’a sûrement déjà lu et cela déprécie la vision qu’ il a de la personne de Staline. Il critique donc sa biographie, sa place de chef, sa vanités et son amour pour lui même.
L’auteur note en début de chapitre que le culte de la personnalité a débuté en 1929 et que déjà la flatterie à son égard était monnaie courante. « en 1934, Khrouchtchev qualifie de génial le rapport de Staline présenté au XVII eme congrès ». Khrouchtchev dénonce cela comme contraire à Marx Engel et Lénine et rappel ainsi la Dérive Stalinienne.
VIII
Après les chapitre III et VI je pense que celui la est tout aussi intéressant. Il débute comme la plus part par un rappel de Lénine, ici, Lénine homme proche du peuple puis Khrouchtchev s’emploie à marquer la distance sans cesse plus grande entre Staline et le peuple. Il utilise divers arguments pour montrer que le petit père des peuples n’était en faites pas du tout conscient des problèmes du peuple. Le titre « l’agriculture soviétique » n’est pas sans rapport avec les arrières pensées de Khrouchtchev. La NEP, et les deux premiers plan quinquennaux ont marqué le peuple Russe qui avait subit une lourde répression. Par là Khrouchtchev veut montrer le méprit qu’avait Staline pour son peuple, et qu’ il n’avait pas conscience de son peuple. Le portait qui suit, amène l’auditeur a douter de la santé mentale de Staline. En effet comment un homme sein d’esprit pouvait prendre sa parole comme divine ? Pour Khrouchtchev Staline ne semble plus faire la différence entre sa parole et la réalité pour lui, sa « parole divine » ne pouvait être fausse. Mais comme on le voit dans le chapitre IV, lors de l’offensive allemande, il perd contrôle et abandonne littéralement son armée. Khrouchtchev, nous laisse entendre que l’état de Staline était proche de la folie. Donc comment et même pourquoi punir ceux qui ont agit sous les ordres d’un fous? Il termine sur la remonté qu’a connu la Russie dans les dernières années en rappelant que selon Lénine l’État Soviétique est fort en raison de la conscience des masse.
IX
Dans ce dernier chapitre, Khrouchtchev revient sur les débuts de Staline après la mort de Lénine. Il réaffirme les bienfaits de Staline pour le parti Bolchevik. Il fait un bilan de la lourde répression qu’ a fait subir le numéro un du PCUS pendant trente ans au peuple Russe. La aussi il se contredis, en effet à la page 61 (dernière ligne) on peut lire « des militants honnêtes et dévoués à la cause du communisme sont tombés, victime du despotisme de Staline » puis 3 page avant la fin de ce dernier chapitre «( p 150) on lit « Nous ne pouvons pas dire que ses actes [ ceux de Staline ] était ceux d’un despote » . On voit bien par là que les propos de Khrouchtchev sont, certes dans leur essence fondé, mais sur le fond il ne se distingue pas de Staline. Comme on l’a vu avec Béria il s’est débarrasser de ses opposants, et comme on le lit dans la première parti du livre il ne se distingue pas de ses prédécesseurs ni de ses successeurs ( il ouvre des camps concentrationnaires, il fait occuper la Hongrie, il a fait construire le mur de Berlin.).
Ce chapitre est aussi intéressant car il révèle la ligne politique que « voudrais » adopter Khrouchtchev. Elle est basé sur l’abolition et la lutte contre le culte de la personnalité parallèlement à un recadrage léniniste
Il clos le XXéme congrès par le fait qu’il a été révélateur d‘ un fait ( parmis d’autres que l’on peut qualifier de subalternes face au premier ) « il faut construire le communisme » et non le reconstruire. Autrement dit les trente années de lutte Stalinienne ont été autre chose que du communisme
III) Khrouchtchev, le rapport et ensuite…
Comme on a put le voir dans les deux parties précédentes, Khrouchtchev ne semble pas, sur le plan idéologique mieux pourvu que Staline. Dès son accès au pouvoir il adopte les mêmes techniques et se maintien jusqu à sa chute au sommet de la hiérarchie soviétique. Dans son rapport il fait condamné Staline et se place comme opposant idéologique, ayant assimilé les thèses de Lénine et voulant les appliquer. Si l’on revient sur le rapport on voit que Khrouchtchev a méticuleusement choisie les références qu’il prend dans son rapport. Il ne parle pas des millions de morts civils soviétiques, il se focalise sur les cadres dirigeant du parti. Dans le chapitre IV, ou il traite de l’armée, il ne mentionne pas la véritable « Boucherie » qu’a été la bataille de Stalingrad à la suite de laquelle il est nommé sergent général. Ce réquisitoire contre Staline n’est en faite qu’ une manœuvre politique visant à se rallier les masses. Implicitement, la déstalinisation va lui permettre d’élimer, ou plutôt d’écarté les hommes forts de Staline ou du politburo ( Molotov en 1957 ) puis Boulganine ( en 1958 ). Mais il faut lui reconnaître que c’est tout de même lui qui a ordonner l’ouverture d’une commission pour enquêter sur les actes de Staline. Il ne reste au politburo que 2 ou 3 membre de l’ancienne garde, (Molotov et Boulganine depuis 1926) et c’est grâce aux nouveaux arrivant que les 7 autres dirigeant se rangent de son coté et acceptent l‘ouverture de l‘enquête. L’enquête est mené en secret et l’on hésite longuement avant de présenter ce rapport. De plus lors de sa présentation, Khrouchtchev utilise comme preuve à l’appui les seize documents présent en fin d’ouvrage. En effet les révélations qu’il fait lors de la présentation de ce rapport semble par moment perturber son auditoir. Cela doit avoir pour conséquence une certaine méfiance de son auditoire, non dans son ensemble mais au moins quelques érudits qui peuvent se demander au fond d’eux si les paroles de Lénine dont Khrouchtchev fait mention sont véridique. En se plaçant dans la peau d’un communiste ont peut aussi imaginer ce que les textes de Lénine pouvait de plus représenter.
Évincé moins de dix ans après la parutions de ce rapport on peu se demander si ce dernier n’a pas précipité la fin de Khrouchtchev ainsi que si il a été un document positif ou négatif pour la cause communiste. Ce sont les interrogations que nous laisse l’ouvrage.
Conclusion :
Le rapport Khrouchtchev et son histoire de Branko Lazitch ressort des archives ce « non rapport » comme il le décrit lui même. Gardons l’exemple que reprend l’auteur à la fin de la première partie, Orwell et son monde où ce qui est aujourd’hui, semble n’avoir jamais été demain. Bien que ce ne soit que de la science fiction il y a là quelque chose qui rappel l’union soviétique, de par ses secrets, son système politique, sa terreur… Les faits, en Union soviétique comme on l’a vu par ce rapport, sont facilement et régulièrement falsifiés, transformés, oubliés ( Les archives de l‘URSS m‘ont semble t -il étaient partiellement réouvertes en 1981 puis refermées à la chute de l’URSS sans être réouvertes depuis ) . Ce n’est pas sans rapport que l’auteur termine son histoire du rapport par cette citation de non rapport. Il veut remettre au goût du jour un document qui a permit à un homme de se hisser au sommet de l’Union Soviétique et de devenir le Goldstein de l’ URSS. Le rapport étant pour certains un des documents les plus importants produit par le communisme, il n’est pas étonnant qu’un spécialiste de l’union soviétique se penche sur le sujet. Le rapport n’a semble t-il pas était examiné avant ni même depuis, son ouvrage doit donc contenter les historiens contemporains et servir de référence. De plus, à part les annotations de bas de pages, il n’y a pas de références bibliographiques, fait étrange pour un historien ou une publication à but historique. Les seuls ouvrages auxquels il est fait références sont les mémoires de Khrouchtchev et quelques articles.