Les anciens nazis en fuite.
Posté par bricabraque le 17 décembre 2007
Les anciens nazis fuient l’Europe afin de gagner des lieux sûrs, où ils savent qu’ils ne seront pas inquiétés. La plupart s’embarquent pour le nouveau monde, notamment l’Amérique latine, où les régimes conservateurs en place n’hésitent pas à utiliser le « savoir-faire » de ces hommes dans leur chasse aux opposants.
Le couple Peron, fit de l’Argentine un terre d’accueil sûre pour les nazis en fuite.
Juan Peron, le leader populiste argentin, fervent admirateur des fascismes européens, encourage, via ses diplomates et officiers de renseignement, les criminels de guerre nazis et fascistes à s’installer en Argentine. Dans de nombreuses missives, Monseigneur Hudal réclame à Peron des visas d’entrée pour d’anciens « soldats » allemands et autrichiens. Grâce aux passeports fournis par la Croix Rouge Internationale de Gênes et par l’ambassade d’Argentine à Vienne, 60 000 à 80 000 Allemands, Autrichiens, Croates, Lettons trouvent refuge en Argentine dans les dix années qui suivent la Seconde Guerre Mondiale ; dont Eichmann, Mengele, Erich Priebke, assassin des fosses Adréatines, Klaus Barbie, Ante Pavelic, le führer croate, Eduard Roschmann, le « boucher de Riga », Erich Müller, proche collaborateur de Goebbels…
San Carlos de Bariloche.
Beaucoup s’installent dans la province des Misiones à la frontière avec le Paraguay et le Brésil ou au pied des Andes, dans la petite ville de San Carlos de Bariloche, véritable colonie allemande en terre argentine.
La Bolivie, le Chili deviennent rapidement d’autres terres d’accueil pour les anciens criminels de guerre. Barbie, jusqu’à son extradition vers la France en 1983, passe trente deux ans à La Paz, où il noue des relations cordiales avec l’importante colonie allemande locale. Les dictateurs d’extrême droite qui s’imposent dans le Cône sud dans les années 1960 et 1970 utilisent l’expérience de ces anciens tortionnaires. Barbie participe ainsi au coup d’Etat de Barrientos en 1964, puis à celui de Banzer en 1971.
La communauté Dignidad au Chili.
Spécialistes de la traque et du renseignement, ils se révèlent fort utiles pour traquer les opposants communistes ou autres. Ancien SS, Paul Schaefer fonde en 1966 la communauté Dignidad, sur le versant chilien des Andes, à 350 km au sud de Santiago. Jusqu’à son démantèlement, la colonie abritait près de 300 individus sur 1500 ha. De nombreux fuyards recherchés se seraient cachés dans ses murs et elle aurait servi de centre d’entraînement pour les militaires chiliens et la DINA. Schaefer, gourou de ce qu’il faut appelé une secte, est condamné par contumace pour pédophilie, est arrêté à Buenos Aires en 2005.
Mengele en 1971.
Sur place, certains tentent de se faire oublier, cachés derrière des pseudos discrets. Ricardo Klement, alias Eichmann, monte une blanchisserie, puis un élevage de lapin, avant de travailler dans une succursale de Daimler Benz. D’autres passent des jours tranquilles et se cachent à peine. D’après Serge Klarsfeld, Mengele était dans l’annuaire ! Il meurt d’ailleurs de noyade au Brésil, après des séjours en Argentine et au Paraguay, sans être jamais inquiété par la justice.
L’Amérique Latine n’est pas le seul refuge pour les anciens nazis recherchés.
Aloïs Brunner en 1943 et en 1985.
- Le Moyen Orient servit aussi de lieu d’accueil. Aloïs Bruner, ancien secrétaire d’Eichmann et responsable du camp de Drancy, condamné par contumace à perpétuité pour crime contre l’humanité, vécut (et vit peut-être encore) en Syrie.
- L’Espagne franquiste accueillit le commissaire aux questions juives du gouvernement de Vichy, Louis Darquier de Pellepoix.
- Enfin d’anciens nazis ou complices parviennent à se cacher ou à se recycler dans leurs pays « d’exercice ». Paul Touvier, chef de la milice de Lyon, condamné à mort par contumace en 1945 et 1947, réussit à échapper à la justice jusqu’en 1989, profitant d’un soutien dans les milieux catholiques intégristes qui lui ouvrent leurs couvents. Que dire enfin des anciens nazis parfaitement réintégrés, à l’instar de Kurt Georg Kiesinger, chancelier de RFA de 1966 à 1969?
Eichmann, lors de son procès à Jérusalem en 1962.
Il faut la ténacité de « chasseurs de nazis », isolés et longtemps incompris, comme Simon Wiesenthal ou Beate et Serge Klarsfeld, pour mener à bien le devoir de justice. Avec l’arrestation d’Eichmann en 1960 et le procès retentissant qui se tient deux ans plus tard à Jérusalem, plus aucun nazi en cavale ne pourra plus dormir sur ces deux oreilles.
Liens utiles:
- la bande annonce de « Mon meilleur ennemi« , consacré au cas Barbie, le dossier pédagogique réalisé par Francis Larran et un supplément du Monde de l’éducation autour du documentaire.
A suivre.
Je découvre avec énormément de plaisir votre blog. Je me réjouis de lire vos prochains billets.
PS : une petite remarque cependant, je trouverais utile que les sources de vos documents (images) soient indiquées.
Merci pour ce commentaire. Par négligence, je ne cite pas, ou rarement les sources des images utilisées, mais, à l’avenir, je vais tâcher de corriger ce manque.
J.B.