Martin Luther King: un rêve américain.
Posté par bricabraque le 5 mars 2008
MLK, homme de l’année 1964 pour le Time.
Martin Luther King reste la figure la plus célèbre et la plus populaire du mouvement pour les droits civiques. Ce pasteur baptiste de Montgomery se fait connaître en 1955 en lançant l’appel au boycott des bus de sa ville après l’arrestation de Rosa Parks, une couturière noire qui refusait de céder sa place à un blanc dans les bus.
Dès lors King n’aura de cesse de lutter contre les pratiques ségrégationnistes. Or, il mène un combat pacifiste. Adepte de la philosophie de la non-violence de Gandhi, il est de tous les sit-in, boycott, marches pacifistes. Originaire d’Atlanta, il concentre d’abord ses efforts sur les Etats du sud où la ségrégation sévit avec le plus de virulence.
MLK et Johnson en tête à tête à la Maison Blanche, le 3 décembre 1963.
Il parvient à médiatiser la cause des Afro-américains en organisnt notamment la marche de Washington, le 28 août 1963, au cours de laquelle il prononce un discours puissant au retentissement extraordinaire. J. F. Kennedy, puis Johnson doivent agir. Incontestablement, les dix années de lutte de MLK et de son organisation, la Southern Christian League Conference (SCLC) ne sont pas vaines. Deux grandes lois sont en effet adoptées: le Civil right act, en 1964, interdit toute forme de discrimination et de ségrégation dans les lieux publics et le Voting right act, en juillet 1965, qui garantit le droit des noirs à s’inscrire sur les listes électorales. D’ailleur, King obtient le prix Nobel de la paix en 1964.
Bloody sunday, le 7 mars 1965 à Selma.
Cependant, à partir de 1965, notamment à la suite de la répression policière des marches de Selma, la stratégie non-violente du King est contestée par des organisations noires qui se radicalisent, considérant qu’il ne faut plus quémander la liberté aux autorités blanches, mais la prendre coûte que coûte: c’est le Black power. De son côté, King prend conscience que les grandes lois anti-discrimination n’améliorent en rien les conditions d’existence des noirs des ghettos. Ainsi, il recentre son action sur les quartiers défavorisés des grandes villes du nord et s’installe d’ailleurs à Chicago. Pendant huit mois, il se heurte aux violences des racistes blancs et , chose inédite, à l’hostilité de Noirs qui contestent sa stratégie non-violente.
MLK touché par une pierre lors d’une manifestation à Chicago, le 5 août 1966.
Progressivement, il devient plus critique à l’encontre de la politique du gouvernement Johnson. En 1967, il condamne avec ouvertement l’engagement américain au Vietnam. La part du budget de plus en plus lourde consacrée auconflit fait cruellement défaut pour MLK à la lutte contre la misère aux EU. En 1968, Martin Luther King se rend à Memphis afin d’apporter son soutien aux éboueurs de la ville, très majoritairement noirs, engagés dans uns très longue grève. Il proteste contre leurs conditions de travail insupportables. Le 3 avril, veille de sa mort, il prononce un discours prophétique. Il lance, serein: »nous avons des jours difficiles devant nous. [...] Je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Mais cela n’a pas d’importance. Parce que j’ai été au sommet de la montagne et j’ai vu la terre promise. »
L’homme se sait très surveillé par le FBI et les organisations blanches racistes. Les menaces s’amoncellent sur sa tête. Le 4 avril 1968, il est abbatu sur le balcon du Lorraine Motel de Memphis, où il se délassait.
MLK sur le balcon du Lorraine Motel de Memphis vient d’être touché à la tête, le 4 avril 1968.
Aussitôt, l’émotion est immense dans le pays. Dans tout le pays, de jeunes noirs en colère descendent dans les rues et se livrent à des violences. Ces émeutes sanglantes éclatent dans toutes les grandes villes du pays. Quelques personnalités en appellent au calme: le soul brother number 1, James Brown sur les ondes, Robert Kennedy dans son discours d’Indianapolis.
Ce meurtre souligne une fois de plus à quel point la violence gangrène la société américaine. Les assassinats politiques, présents depuis l’origine du pays, s’accélèrent dangereusement depuis le début des années 1960: John F. Kennedy est tué à Dallas en 1963, King en avril 1968 et Robert Kennedy, candidat à l’investiture démocrate aux présidentielles et frère de JFK, au mois de juin de la même année.
* Au bout du compte, quel bilan dresser de l’action de MLK?
Certes, les échecs existent: sa volonté de lutter contre les discriminations face au logement et la misère dans les grandes villes du nord n’aboutit pas vraiment.
Les limites de la stratégie non-violente lui aliènent beaucoup d’Afro-américains, lassés d’attendre une amélioration véritable de leur sort et qui entendent répondre aux coups. Certains, à l’instar de Malcom X, estiment que les actions médiatiques menées par Luther King ne constituent qu’une mascarade. Malcom X renomme d’ailleurs la marche de 1963 la « farce de Washington ».
MLK arrêté, Montgomery, 1956.
Il n’en reste pas moins que sa stratégie pacifique du début des années 1960 permet de sensibiliser l’opinion publique au problème noir. King comprend, mieux que quiconque, l’intérêt qu’il y a à médiatiser sa cause. Il obtient le soutien de nombreux artistes qui s’engagent à ses côtés: Sammy Davis Jr, Harry Belafonte, James Baldwin, Joan Baez, Marlon Brando…
Son courage physique suscite l’admiration. Arrêté à de nombreuses reprises (en 1956 à Montgomery, en 1963 à Birmingham), il n’en continue pas moins à participer personnellement à toutes les grandes manifestations.
Enfin, son charisme saute aux yeux lors de ses discours, notamment celui de Washington, en 1963. Le passage le plus célèbre, qui clôt son allocution, est d’ailleurs une improvisation. Sa rhétorique s’inspire directement des sermons des églises baptistes noires avec l’utilisation de nombreuses métaphores bibliques. L’orateur martèle ses phrases avec ferveur, répète les passages clefs (huit fois « I have a dream », 4 fois « let the freedom ring »), l’auditoire lui répond avec enthousiasme « Amen ».
Bref, les nombreuses actions menées par King et le SCLC mettent sous pression les autorités fédérales qui doivent faire de la lutte contre les discriminations une priorité nationale. Sa modération lui permet aussi de convaincre Kennedy, puis Johnson.
Incontestablement, si MLK n’est pas directement à l’origine des grandes lois de 1964 et 1965, sa lutte accélère le rythme.
Sources:
- L’Histoire, mars 2008, consacré à MLK.
- André Kaspi, 1968, L’Année des contestations, Éditions Complexes, 1988.
- « Freedom: une histoire photographique de la lutte des Noirs américains », Phaidon, 2005.
lu mais je suispas mort
je suis le champion de france de tennis de table!! yéééééééééééééééé 7 fois dafilé