Retour rapide sur l’histoire du Tibet.
Posté par bricabraque le 24 mars 2008
Fuite du dalaï-lama vers l’Inde (1959).
En ce mois de mars 2008, des manifestations importantes de moines bouddhistes ont lieu à Lhassa afin de protester contre l’occupation chinoise. A cinq mois des JO de Pékin, ces manifestations apparaissent comme un défi aux autorités chinoises. Le Parti Communiste Chinois redoute que les JO servent de caisse de résonance à tous les défenseurs des droits de l’homme en Chine. Revenons dans cet article en deux parties sur l’histoire du Tibet.
Le dalaï-lama est le plus haut chef religieux bouddhiste du Tibet. Installé à Lhassa, dans le palais du Potala, c’est aussi le chef temporel du pays. Cette institution remonte au XVème siècle. Lorsqu’un dalaï-lama s’éteint, on cherche sa réincarnation: un enfant exceptionnel auquel on enseigne les connaissances des moines tibétains (les lamas). Début XVIIème apparaît le panchen-lama, le second chef spirituel.
A partir du XVIIIème siècle, les empereurs chinois établissent un protectorat sur le Tibet. Au début du XXème siècle, la région devient un enjeu important pour l’Inde et la Chine. Désormais, deux politiques s’affrontent au Tibet: une proanglaise, représentée par le dalaï-lama, une prochinoise défendue par le panchen-lama. En 1911, avec l’aide des Anglais, les Tibétains se débarassent de la garnison chinoise et le dalaï-lama, destitué par les Chinois l’année précédente, réfugié en Inde, est restauré.
Tenzin Gyatso, le quatorzième dalaï-lama en 1950 (il a cinq ans).
Avec l’accession à l’indépendance de l’Inde et le départ des britanniques, les rapports de force dans la région sont renversés. La Chine, devenue communiste en 1949, déploie dès 1950 des troupes dans la région du Tibet. Le 7 octobre 1950, plus de 30 000 soldats passent la frontière et disposent aisément de la modeste armée tibétaine. Le jeune dalaï-lama (il n’a que 16 ans) est contraint de signer un traité le 23 mars 1951, qui entérine l’occupation militaire chinoise du Tibet.
La Chine s’arroge le droit de diriger la politique étrangère du pays et s’engage en contrepartie à respecter les croyances populaires et l’autonomie régionale du peuple tibétain. Simples promesses non respectées, puisque dès 1952, les soldats chinois se lancent dans la destruction systématique des monastères du pays.
En 1954, le panchen lama, Mao Zedong et le dalaï-lama à Pékin.
A partir de 1955,une guérilla antichinoise, menée par les montagnards Khampas, s’organise au Tibet. Une rébellion générale éclate à Lhassa dans la nuit du 19 au 20 mars 1959. La manifestation rassemble dans la capitale des milliers de Tibétains qui réclament l’indépendance. L’armée chinoise, dites de « libération nationale » (sic), écrase ce soulèvement dans un bain de sang. Selon les estimations chinoises, en trois jours, près de 87 000 Tibétains sont massacrés. Le 16 mars, le dalaï-lama s’enfuit en Inde avec son gouvernement et 80 000 Tibétains.
L’emprise chinoise sur le Tibet se renforce encore. Le statut de région autonome concédé en 1965 n’y change rien et une répression sévère continue de sévir jusqu’à aujourd’hui. Depuis son refuge indien de Dharamsala, Tenzin Gyatso, le quatorzième dalaï-lama, dirige un gouvernement en exil. L’occupation chinoise du pays (avec l’envoi de nombreux fonctionnaires et militaires) est très mal perçue par les Tibétains. A partir de 1987, les émeutes antichinoises reprennent. Elles atteignent leur paroxysme en 1989. Une répression impitoyable s’abat à nouveau et provoque des dizaines de morts, tandis que la loi martiale est rétablie.
Détournement du slogan des JO de Pékin One world one dream free Tibet.
Or, ce 10 mars, le dalaï-lama commémore le 49ème anniversaire de son exil. Il s’insurge contre « les violations énormes et inimaginables des droits de l’homme » commises par la Chine eu Tibet depuis cinquante ans. Constatant que les « Tibétains vivent en permanence dans la peur ». Quelques heures plus tard, des centaines de moines manifestaient à Lhassa sous les grenades lacrymogènes. Ces protestations contre la colonisation chinoise du Tibet sont fréquentes, mais l’ampleur des marches actuelles est exceptionnelle. La réponse des autorités de Pékin ne se fait pas attendre, une répression impitoyable et sanglante. Nous évoquerons plus longement ces événements, sur fond d’organisation des JO, dans un prochain article.
Sources:
- « Le petit Mourre. Dictionnaire d’histoire universelle », Bordas, 2006.
- « Les docs de l’actu. Les 100 dates-clés de l’histoire du 20è siècle ».
Liens:
- 7 octobre 1950 : invasion du Tibet sur le Boomer Cafe.
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