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Boycott du mondial de football en Argentine en 1978

Posté par bricabraque le 23 août 2008

BOYCOTT DU MONDIAL DE FOOTBALL EN ARGENTINE, en 1978.

Boycott du mondial de football en Argentine en 1978 dans Amérique latine / centrale coba_xl.

Affiche éditée par la COBA.

La FIFA confie l’organisation de la onzième coupe du monde de football à l’Argentine, en 1966. Elle doit se dérouler en juin 1978. Or, depuis 1976, une junte militaire dirigée par le général Vidéla fait régner la terreur dans le pays, avec pour objectif principal l’éradication du « cancer marxiste ». Le coup d’état de Videla s’inscrit dans la vague de coups d’états militaires qui entraînent la multiplication des dictatures violemment répressives (Brésil en 1964, Bolivie en 1971, Chili et Paraguay en 1973).

Par conséquent, l’opinion internationale était déjà sensibilisée au problème des violations des droits de l’Homme dans le sous-continent: des milliers d’exilés chiliens réfugiées en Europe tentaient de faire connaître l’ampleur des violences commises; en 1975 l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît l’existence d’une torture institutionnalisée au Chili; au printemps 1978 Amnesty international estime à 6000 le nombre de personnes exécutées en Argentine et 15000 le nombre de disparus (le bilan total de 7 années de dictature atteindra finalement les 30 000 disparus).

Dans ces conditions, la junte militaire argentine attendait beaucoup de l’organisation de cet événement au fort retentissement international. Outre, les devises liés aux touristes venus suivre le mondial, Videla et ses sbires espérait donner aux yeux du monde une image respectable du régime. Le comité d’organisation du Mundial, pris en main par les militaires, développe aussitôt une propagande nationaliste à destination de l’opinion argentine, tandis qu’il incite fermement les journalistes étrangers à ne s’intéresser qu’aux événements sportifs.

Pour autant, un mouvement de boycott du Mundial voit le jour à partir de 1977. Aux Pays Bas, certains joueurs refusent de se rendre en Argentine ( Cruyff et Van Hanegem). En France se crée un Comité pour le boycott de l’organisation par l’Argentine de la Coupe du Monde de football (COBA) qui tente de convaincre joueurs et dirigeants de ne pas se rendre sur le sol argentin. Le Comité est animé notamment par François Gèze et des animateurs de la revue de critique du sport Quel corps?, animée entre autre par J.M. Brohm; sonslogan: »on ne joue pas au football à côté des centres de torture ».

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Le comité fait circuler en France une pétition signée par 150 000 personnes, il édite un journal (L’épique) et organise de nombreuses manifestations de sensibilisation (affiches, réunions. Le mouvement va même jusqu’à tenter d’enlever Michel Hidalgo, le sélectionneur des Bleus, à la veille du départ des tricolores pour l’Argentine afin de faire entendre le message du peuple argentin. Plusieurs personnalités de premier plan apportent leur soutien au boycott. Ainsi l’écrivain Marek Halter écrit dans un article publié dans le Monde: »En 1936, nos parents n’ont pu empêcher les sportifs de se rendre aux Jeux Olympiques de Berlin et de faire le salut nazi devant un Hitler ébahi. Deux ans après, ils assistaient impuissants à la nuit de Cristal. Lançons ensemble un appel à tous les sportifs et leurs supporters qui doivent se rendre en Argentine. « Refusez de cautionner par votre présence le régime aussi longtemps qu’il n’aura pas libéré les prisonniers politiques et arrêté les massacres »". Cet appel reçut le soutien de nombreux intellectuels et artistes dont Jean-Paul Sartre, Jean-Marie Domenach, Louis Aragon, Simone Signoret.

L’idée du boycott rencontre un grand succès auprès des réfugiés latino-américains et dans les milieux d’extrême gauche; mais elle reste lettre morte dans le monde du sport. Seules quelques personnalités isolées s’interrogèrent sur l’attitude à adopter (« l’ange vert Dominique Rocheteau, Fernanf Sastre le président de la FFF). L’échec du boycott s’explique surtout par l’absence de relais dans le monde politique. Sans surprise, à droite, on se réfugie derrière le prétendu apolitisme du sport. A gauche, la perspective des législatives (mars 1978) et la lecture d’un sondage affirmant que 65% des Français étaient indifférents à la nature du régime argentin, convainquirent qu’il valait mieux éviter ce sujet.

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Videla peut exulter, l’Argentine semble gagner en respectabilité internationale à l’issue de la compétition remportée par l’Argentine. Il peut faire jouer à fond la fibre nationaliste afin d’occulter les violences de son régimes.
L’Argentine, après avoir tenté de manipuler le tirage au sort, parvint en finale après de nombreuses décisions arbitrales très litigieuse. Elle triompha devant les Pays-Bas privés de Cruyff. Une aubaine pour le régime en place et Videla, qui n’hésita pas à défiler aux côtés des joueurs. Ce fut donc un indéniable succès pour la dictature argentine, lui permettant de restaurer son image, pour un temps seulement, au sein du pays comme aux yeux de l’étranger. Dans L’équipe, Christian Montaignac pouvait clamer: » Le football [...] par un phénomène sociologique exceptionnel, est parvenu à unir. [...] Il n’est guère que les intellectuels, dont le rayonnement et l’influence, ici, sont réduits, pour avoir réussi à se diviser. » Il n’en reste pas moins que les prisonniers politiques continuaient de mourir sous la torture dans les locaux de la Escuela Mecanica de la Armada, à quelques encablures seulement du stade de River Plate où la compétition faisait rage.

L’appel du COBA a au moins eu un résultat, celui de voir ses messages relayés par les médias et donc d’avoir pu dénoncer devant l’opinion publique internationale le régime de Videla.

Sources:

- Olivier Compagnon « Un boycott avorté: le Mundial argentin de 1978″ , in « 6, une histoire collective, La découverte, 2008.

- Xavier Breuil:« Les mouvements de boycott du mondial 1978″.

- « Pour le boycott de la coupe du monde de football » sur le très bon site « We are football ».

Liens:

- We are football _ Parce que le football dure plus de 90 minutes.

- Les mouvements de boycott de la coupe du monde 1978.

- Derrière la coupe du monde 1978.

4 Réponses à “Boycott du mondial de football en Argentine en 1978”

  1. Mercato dit :

    Super intéressant, je n’avais jamais creusé le sujet de ce boycott de Coupe du Monde

  2. coupe du monde dit :

    Comme le dit mercato, il est très intéressent cette article! merci pour ce partage :)

  3. Ced dit :

    bonjour
    je m’intéresse beaucoup à ce thème
    connaissez vous des ouvrages sur ce thème (livre / revue / article)
    vous pouvez me contacter à cette adresse
    cdryq_rving@hotmail.com

    cordialement

  4. rosine dit :

    un excellent documentaire vu hier :
    http://www.france5.fr/emissions/le-monde-en-face/diffusions/19-03-2013_37187
    je croyais connaître la question mais c’est encore pire que ce que je pensais.
    Très émouvant.

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