Pékin verouille le Tibet.
Posté par bricabraque le 12 mars 2009
Caricature de Plantu.
La commémoration du mars 1959 au Tibet, date du soulèvement anti-Chinois et prélude à l’exil du dalaï-lama, est très redoutée par les autorités de Pékin. A cette date chère au coeur des Tibétains s’ajoute le premier anniversaire du soulèvement populaire du 14 mars 2008, après les manifestations de moines bouddhistes(21 tué selon Pékin, 203 selon les exilés).
Au Tibet, les autorités chinoises imposent un couvre-feu qui ne dit pas son nom. Les agences de voyages ont stoppé net l’organisation de séjours à Lhassa. Les journalistes ne peuvent pas se rendre sur place, mis à part ceux (si l’on peut parler de journalistes) choisis par les autorités chinoises. Les zones de peuplement tibétain sont étroitement surveillées. Des convois de blindés y patrouillent sans cesse. Bref, une terrible chape de plomb recouvre le pays.
Dans un discours virulent prononcé, mardi 10 mars, à Dharamsala (Inde), « capitale » du gouvernement tibétain en exil, le dalaï-lama dénonce les campagnes de répression qui ont « plongé les Tibétains dans de tels abysses de souffrance et de détresse qu’ils ont littéralement connu l’expérience de l’enfer sur terre ». Pour autant, le prix Nobel de la paix 1989 ne déroge pas à sa politique de la « voie moyenne », consistant à demander à la Chine une « réelle autonomie » pour le Tibet, sans aller jusqu’à l’indépendance.
Pour bien comprendre la situation actuelle, revenons brièvement sur l’histoire du Tibet.
Avec l’accession à l’indépendance de l’Inde et le départ des britanniques, les rapports de force dans la région sont renversés. La Chine, devenue communiste en 1949, déploie dès 1950 des troupes dans la région du Tibet. Le 7 octobre 1950, plus de 30 000 soldats passent la frontière et disposent aisément de la modeste armée tibétaine. Le jeune dalaï-lama (il n’a que 16 ans) est contraint de signer un traité le 23 mars 1951, qui entérine l’occupation militaire chinoise du Tibet.
La Chine s’arroge le droit de diriger la politique étrangère du pays et s’engage en contrepartie à respecter les croyances populaires et l’autonomie régionale du peuple tibétain. Simples promesses non respectées, puisque dès 1952, les soldats chinois se lancent dans la destruction systématique des monastères du pays.
En 1954, le panchen lama, Mao Zedong et le dalaï-lama à Pékin.
A partir de 1955,une guérilla antichinoise, menée par les montagnards Khampas, s’organise au Tibet. Une rébellion générale éclate à Lhassa dans la nuit du 19 au 20 mars 1959.
La manifestation rassemble dans la capitale des milliers de Tibétains qui réclament l’indépendance. L’armée chinoise, dites de “libération nationale” (sic), écrase ce soulèvement dans un bain de sang. Selon les estimations chinoises, en trois jours, près de 87 000 Tibétains sont massacrés. Le 16 mars, le dalaï-lama s’enfuit en Inde avec son gouvernement et 80 000 Tibétains.L’emprise chinoise sur le Tibet se renforce encore. Le statut de région autonome concédé en 1965 n’y change rien et une répression sévère continue de sévir jusqu’à aujourd’hui. Depuis son refuge indien de Dharamsala, Tenzin Gyatso, le quatorzième dalaï-lama, dirige un gouvernement en exil. L’occupation chinoise du pays (avec l’envoi de nombreux fonctionnaires et militaires) est très mal perçue par les Tibétains. A partir de 1987, les émeutes antichinoises reprennent. Elles atteignent leur paroxysme en 1989. Une répression impitoyable s’abat à nouveau et provoque des dizaines de morts, tandis que la loi martiale est rétablie.
Des troupes chinoises patrouillent devant le palais du Potala, le lieu de résidence des dalaï-lamas jusqu’en 1959, à Lhassa (2006 © Boris Joseph).
Or, ce 10 mars, le dalaï-lama commémore le 49ème anniversaire de son exil. Il s’insurge contre “les violations énormes et inimaginables des droits de l’homme” commises par la Chine eu Tibet depuis cinquante ans. Constatant que les “Tibétains vivent en permanence dans la peur”.
Liens:
- Portfolio du Monde: « Les Tibétains marquent le cinquantenaire du soulèvement raté« .
- « A Dharamsala, la colère muette des Tibétains en exil« , sur Le Monde.fr.
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