La guerre d’Algérie.
Posté par bricabraque le 19 janvier 2008
Arrestations durant la bataille d’Alger.
De nombreux liens vers les archives de l’INA consacrés à la guerre d’Algérie en cliquant sur les groupes de mots en couleur.
La présence française en Algérie remonte à 1830. Il s’agit d’une colonie très particulière aux yeux de la métropole :
- c’est la seule colonie de peuplement de l’Empire français. Une population d’origine européenne, les pieds noirs, y vit, 1 millions de personnes, pour 8 millions d’arabes et de berbères.
- son territoire est divisé en trois département, directement rattachés à la métropole.
* Mais, pas plus qu’ailleurs, les autochtones n’ont de droits et les inégalités sociales et économiques y sont énormes.
Le nationalisme algérien se développe tardivement, en raison de l’ancienneté de la colonisation d’un territoire qui ne fut jamais indépendant. Entre les deux guerres, il est balbutiant. La seconde guerre mondiale accélère le développement du sentiment national. Les Américains, présents sur place, encouragent les mouvements nationalistes.
D’autres influences jouent un rôle non négligeable dans l’essor du mouvement au lendemain du conflit: l’islam représente un élément fédérateur et identitaire clef, l’ONU devient une tribune remarquée pour les nationalistes algériens, enfin les pays arabes voisins attisent aussi le feu sous la cendre.Les massacres de Sétif, le 8mai 1945 représentent une prise de conscience fondatrice. Après 1945, les mouvements se structurent: à l’Union Du Manifeste Algérien (UDMA) de Ferrhat Abbas, succède le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) de Messali Hadj. C’est à partir de ce groupe que se constitue, par scission, le Front de Libération Nationale (FLN), créé en 1954 par de jeunes hommes (Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Hocine Aït Ahmed, Mohammed Boudiaf, etc.).
La guerre éclate à la Toussaint 1954 (« la Toussaint rouge). Le FLN se signale par des attentats et une action de guérilla. Elle s’amplifie de 1955 à 1956. Le président du conseil Edgar Faure y envoie le contingent en 1955. Son successeur, Guy Mollet, élu pour faire la paix en Algérie, enfonce en fait le pays dans la guerre et couvre les exactions de l’armée, sous couvert de « pacification ». L’armée gagne la « bataille d’Alger » en utilisant la torture. Gangrenée par l’extrême droite, elle bafoue le droit international (arraisonnement de l’avion de Ben Bella en 1956, bombardement de Sakhiet en 1958).
Le lieutenant Le Pen participe activement à la bataille d’Alger.
La France est rongée par le cancer algérien (1957-58).
- Elle affronte une grave crise morale face à l’emploi de la torture d’une part et, de l’autre, à l’action des « porteurs de valises ». - Le coût de la guerre est énorme : financier et économique, moral, international (le pays est régulièrement condamné par l’ONU). * L’impuissance politique est totale : dès qu’un gouvernement aborde la question, il tombe ! De mai 1957 à mai 1958, 4 gouvernements se succèdent. Le 13 mai 1958, doit être investi par l’Assemblée nationale le gouvernment de Pierre Pflimlin, réputé favorable à des négociations en Algérie. A Alger, les Pieds Noirs et les partisans de l’Algérie française, aidés par l’armée qui aurait dû les en empêcher, créent un Comité de Salut Public et prennent d’assaut les bâtiments officiels. La foule acclame très vite … de Gaulle!!! Ce dernier et ses partisans, au courant de la tentative d’insubordination, deviennent le recours. Le 13 mai et les conditions de l’arrivée au pouvoir de De Gaulle sont, aujourd’hui encore, l’objet d’une polémique et de diverses interprétations. Le 1er juin 1958, le général devient le Président du Conseil et son gouvernement est investi par l’Assemblée, qui l’autorise à préparer une nouvelle constitution. La IVème République vit ses derniers jours. Manifestation de pieds noirs à Alger le 23 mai 1958, les portraits de De Gaulle sont brandis.
* De Gaulle mène politique opportuniste. Logiquement appelé par les partisans de l’Algérie française. Dès son investiture, il va à Alger (« je vous ai compris ») et lance un programme de réformes (plan de Constantine). Pendant un an, il se mure dans le silence et, en septembre 1959, il se prononce pour l’autodétermination du peuple algérien. Les partisans de l’Algérie française se sentent trahis et, dès lors, la guerre devient une guerre à trois…
* La guerre à trois : le FLN et les « porteurs de valise », le pouvoir, les partisans de l’ « Algérie française » : pieds noirs (et après 1961, l’OAS) et une partie de l’armée. Ces derniers fomentent 2 rébellions : la « semaine des barricades » en janvier1960 ; le « putsch des généraux » en avril 1961, qui, mal préparé, échoue grâce à la poigne de DG et à la fidélité des appelés du contingent.
Le « putsch des généraux » en avril 1961.
Une manifestation organisée par le PCF est réprimée impitoyablement par les forces de l’ordre sous l’autorité de Maurice Papon. Au niveau du métro Charonne, huit manifestants ne se reléveront pas.
* La guerre justifie un net recul des libertés: l’article 16, appliqué lors du putsch; censure, manifestations interdites, police musclée, ratonnades d’octobre 1961 et rôle de M. Papon, Charonne (février 1962).
* Il faut terminer la guerre: la 1ère conférence d’Evian (mai 1961) échoue, mais pas la 2ème : elle aboutit aux accords d’Evian (le 18 mars 1962).Les accords : cessez-le-feu ; garanties pour les Européens ; droits français sur les hydrocarbures algériens pendant 5 ans ; bases militaires pour 3 ans. Le 3 juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée par le FLN et son bras armé l’Armée Nationale de Libération (ALN). L’accès à l’indépendance se déroule dans un climat de violence : les pieds noirs sont contraints au départ vers la France, tandis que nombre de Harkis, des soldats algériens combattants dans l’armée française, sont massacrés. Ben Bella devient Président de la République, mais il est renversé en 1965 par un coup d’Etat militaire qui place au pouvoir le chef de l’ALN, Houari Boumediene.
Scènes de liesse à Alger après la signature des accords d’Evian.
Le bilan du conflit s’avère très lourd : près de 500 000 victimes côté algérien pour 25 000 soldats français, des milliers de Harkis massacrés. L’économie algérienne est profondément désorganisée par la guerre (destruction d’infrastructures, cultures anéanties) et le départ des pieds-noirs qui détenaient les postes clefs.
Les impacts de balles sur la DS présidentielle après l’attentat du Petit Clamart, le 22 août 1962.
La révision institutionnelle de 1962 en France est aussi une conséquence de la guerre d’Algérie. L’OAS poursuit DG de sa haine et multiplie les attentats. L’un d’eux, l’attentat du Petit Clamart (août 1962), faillit lui être fatal. DG a peur que le régime qu’il a créé soit moins légitime s’il meurt. Il propose alors l’élection du Président de la République au suffrage universel direct, pour qu’il soit l’élu du peuple. Mais les parlementaires, dépossédés d’une de leurs prérogatives, refusent et mettent en minorité le gouvernement (vote d’une motion de censure, droite et gauche confondues). DG dissout l’Assemblée nationale et oblige les députés à défendre son projet : élections de 1962 ; referendum.
Le 20 septembre, une assemblée constituante investit le gouvernement dirigé par un des fondateurs du FLN, Ahmed Ben Bella. La constitution de 1963 instaure le parti unique (le FLN). Désormais, l’armée arbitre la vie politique, fait et défait les prétendants au pouvoir, souvent issus de ses rangs. Le colonel Boumediene renverse Ben Bella et accapare le pouvoir de 1965 à 1978, avant d’être chassé à son tour par le colonel Chadli (1978-1992).
Liens:
- Des pistes sur le site des Rendez-vous de l’histoire 2002.
- Le récit instructif d’un ancien d’Algérie ayant servi sous les drapeaux, de 1955 à 1957.
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