• var _gaq = _gaq || []; _gaq.push(['_setAccount', 'UA-30535001-1']); _gaq.push(['_trackPageview']); (function() { var ga = document.createElement('script'); ga.type = 'text/javascript'; ga.async = true; ga.src = ('https:' == document.location.protocol ? 'https://ssl' : 'http://www') + '.google-analytics.com/ga.js'; var s = document.getElementsByTagName('script')[0]; s.parentNode.insertBefore(ga, s); })();

La guerre d’Algérie.

Posté par bricabraque le 19 janvier 2008

La guerre d’Algérie.  dans Afrique

Arrestations durant la bataille d’Alger.

De nombreux liens vers les archives de l’INA consacrés à la guerre d’Algérie en cliquant sur les groupes de mots en couleur.

La présence française en Algérie remonte à 1830. Il s’agit d’une colonie très particulière aux yeux de la métropole :

- c’est la seule colonie de peuplement de l’Empire français. Une population d’origine européenne, les pieds noirs, y vit, 1 millions de personnes, pour 8 millions d’arabes et de berbères.

- son territoire est divisé en trois département, directement rattachés à la métropole.

* Mais, pas plus qu’ailleurs, les autochtones n’ont de droits et les inégalités sociales et économiques y sont énormes.

   Le nationalisme algérien se développe tardivement, en raison de l’ancienneté de la colonisation d’un territoire qui ne fut jamais indépendant. Entre les deux guerres, il est balbutiant. La seconde guerre mondiale accélère le développement du sentiment national. Les Américains, présents sur place, encouragent les mouvements nationalistes.

D’autres influences jouent un rôle non négligeable dans l’essor du mouvement au lendemain du conflit: l’islam représente un élément fédérateur et identitaire clef, l’ONU devient une tribune remarquée pour les nationalistes algériens, enfin les pays arabes voisins attisent aussi le feu sous la cendre.Les massacres de Sétif, le 8mai 1945 représentent une prise de conscience fondatrice. Après 1945, les mouvements se structurent: à l’Union Du Manifeste Algérien (UDMA) de Ferrhat Abbas, succède le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) de Messali Hadj. C’est à partir de ce groupe que se constitue, par scission, le Front de Libération Nationale (FLN), créé en 1954 par de jeunes hommes (Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Hocine Aït Ahmed, Mohammed Boudiaf, etc.).

fln56 dans Algérie 

Les chefs historiques du FLN. 

La guerre éclate à la Toussaint 1954 (« la Toussaint rouge). Le FLN se signale par des attentats et une action de guérilla. Elle s’amplifie de 1955 à 1956. Le président du conseil Edgar Faure y envoie le contingent en 1955.  Son successeur, Guy Mollet, élu pour faire la paix en Algérie, enfonce en fait  le pays dans la guerre et couvre les exactions de l’armée, sous couvert de « pacification ». L’armée gagne la « bataille d’Alger » en utilisant la torture. Gangrenée par l’extrême droite, elle bafoue le droit international (arraisonnement de l’avion de Ben Bella en 1956, bombardement de Sakhiet en 1958).

personnes%5C1000_1999%5C1210%5C2007104153559 dans décolonisations 

Le lieutenant Le Pen participe activement à la bataille d’Alger.  

  La France est rongée par le cancer algérien (1957-58).

- Elle affronte une grave crise morale face à l’emploi de la torture d’une part et, de l’autre, à l’action des « porteurs de valises ».  - Le coût de la guerre est énorme : financier et économique, moral, international (le pays est régulièrement condamné par l’ONU).  * L’impuissance politique est totale : dès qu’un gouvernement aborde la question, il tombe ! De mai 1957 à mai 1958, 4 gouvernements se succèdent. Le 13 mai 1958, doit être investi par l’Assemblée nationale le gouvernment de Pierre Pflimlin, réputé favorable à des négociations en Algérie. A Alger, les Pieds Noirs et les partisans de l’Algérie française, aidés par l’armée qui aurait dû les en empêcher, créent un Comité de Salut Public et prennent d’assaut les bâtiments officiels. La foule acclame très vite … de Gaulle!!! Ce dernier et ses partisans, au courant de la tentative d’insubordination, deviennent le recours. Le 13 mai et les conditions de l’arrivée au pouvoir de De Gaulle sont, aujourd’hui encore, l’objet d’une polémique et de diverses interprétations. Le 1er juin 1958, le général devient le Président du Conseil et son gouvernement est investi par l’Assemblée, qui l’autorise à préparer une nouvelle constitution. La IVème République vit ses derniers jours.    algerie-de_Gaulle1958 dans TCFE Manifestation de pieds noirs à Alger le 23 mai 1958, les portraits de De Gaulle sont brandis.

* De Gaulle mène politique opportuniste. Logiquement appelé par les partisans de l’Algérie française. Dès son investiture, il va à Alger (« je vous ai compris ») et lance un programme de réformes (plan de Constantine). Pendant un an, il se mure dans le silence et, en septembre 1959, il se prononce pour l’autodétermination du peuple algérien. Les partisans de l’Algérie française se sentent trahis et, dès lors, la guerre devient une guerre à trois…   

ici-on-noie-les-algeriens

* La guerre à trois : le FLN et les « porteurs de valise », le pouvoir, les partisans de l’ « Algérie française » : pieds noirs (et après 1961, l’OAS) et une partie de l’armée. Ces derniers fomentent 2 rébellions : la « semaine des barricades » en janvier1960 ; le « putsch des généraux » en avril 1961, qui, mal préparé, échoue grâce à la poigne de DG et à la fidélité des appelés du contingent. 

d8o8n40b

Le « putsch des généraux » en avril 1961.

110192

Une manifestation organisée par le PCF est réprimée impitoyablement par les forces de l’ordre sous l’autorité de Maurice Papon. Au niveau du métro Charonne, huit manifestants ne se reléveront pas.

  * La guerre justifie un net recul des libertés: l’article 16, appliqué lors du putsch; censure, manifestations interdites, police musclée, ratonnades d’octobre 1961 et rôle de M. Papon, Charonne (février 1962).  

  * Il faut terminer la guerre: la 1ère conférence d’Evian (mai 1961) échoue, mais pas la 2ème : elle aboutit aux accords d’Evian (le 18 mars 1962).Les accords : cessez-le-feu ; garanties pour les Européens ; droits français sur les hydrocarbures algériens pendant 5 ans ; bases militaires pour 3 ans.  Le 3 juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée par le FLN et son bras armé l’Armée Nationale de Libération (ALN). L’accès à l’indépendance se déroule dans un climat de violence : les pieds noirs sont contraints au départ vers la France, tandis que nombre de Harkis, des soldats algériens combattants dans l’armée française, sont massacrés. Ben Bella devient Président de la République, mais il est renversé en 1965 par un coup d’Etat militaire qui place au pouvoir le chef de l’ALN, Houari Boumediene.  

algerieguerre-9 

Scènes de liesse à Alger après la signature des accords d’Evian.

Le bilan du conflit s’avère très lourd : près de 500 000 victimes côté algérien pour 25 000 soldats français, des milliers de Harkis massacrés. L’économie algérienne est profondément désorganisée par la guerre (destruction d’infrastructures, cultures anéanties) et le départ des pieds-noirs qui détenaient les postes clefs.

 Petit-Clamart1819

Les impacts de balles sur la DS présidentielle après l’attentat du Petit Clamart, le 22 août 1962.

La révision institutionnelle de 1962 en France est aussi une conséquence de la guerre d’Algérie. L’OAS poursuit DG de sa haine et multiplie les attentats. L’un d’eux, l’attentat du Petit  Clamart (août 1962), faillit lui être fatal. DG a peur que le régime qu’il a créé soit moins légitime s’il meurt. Il propose alors l’élection du Président de la République au suffrage universel direct, pour qu’il soit l’élu du peuple. Mais les parlementaires, dépossédés d’une de leurs prérogatives, refusent et mettent en minorité le gouvernement (vote d’une motion de censure, droite et gauche confondues). DG dissout l’Assemblée nationale et oblige les députés à défendre son projet :  élections de 1962 ; referendum. 

fr-doc-202 

Le 20 septembre, une assemblée constituante investit le gouvernement dirigé par un des fondateurs du FLN, Ahmed Ben Bella. La constitution de 1963 instaure le parti unique (le FLN). Désormais, l’armée arbitre la vie politique, fait et défait les prétendants au pouvoir, souvent issus de ses rangs. Le colonel Boumediene renverse Ben Bella et accapare le pouvoir de 1965 à 1978, avant d’être chassé à son tour par le colonel Chadli (1978-1992).

Liens:

- Des pistes sur le site des Rendez-vous de l’histoire 2002.  

- Le récit instructif d’un ancien d’Algérie ayant servi sous les drapeaux, de 1955 à 1957.

Publié dans Afrique, Algérie, décolonisations, TCFE | 4 Commentaires »

Fela Anikulapo Kuti.

Posté par bricabraque le 30 novembre 2007

Fela Anikulapo Kuti. dans Afrique Wamba01

 

Fela Hildegart Ransome est sans doute un des musiciens les plus influents du XXème siècle. Ce saxophoniste hors pairs naît en 1938, dans une famille bourgeoise nigériane, très engagée.

Il mélange jazz, rythm and blues aux musiques en vogue à ce moment là au Nigeria (highlife, ju-ju) au sein de son groupe, les koolas lobitos. En 1969, sa rencontre avec une militante noire des Black Panthers, Sandra Smith, l’influence considérablement. Il change le nom de son groupe qui devient Africa 70. Il chante désormais en pidgin (l’anglais du petit peuple), et plus en yoruba, afin d’accroître son auditoire, tout cela sur fond de cuivres envoûtants, de percussions hypnotiques, d’envolées de saxophone. Il donne ainsi naissance à l’Afrobeat. Enfin, il adopte un nouveau nom, celui de Fela Anikulapo (celui qui porte la mort dans sa gibecière) Kuti (qui ne peut être tué par la main de l’homme).

2297451-126514283 dans L'HISTGEOBOX / musique et politique

Fela Kuti, cauchemard des miltiaires au pouvoir, qu’il traite de Zombie.

 

Dans ses chansons, il s’en prend aux militaires qui accaparent le pouvoir et imposent la dictature, mais dénonce aussi la collusion de ces derniers avec les grands groupes pétroliers étrangers, qui ont fait main basse sur l’or noir, ressource principale du Nigeria. Dans ITT, il lance: beaucoup de compagnies étrangères en Afrique, emportent notre pognon (…)/ Voleur Voleur International/ Ils viennent et causent la confusion, l’inflation, la corruption et l’opression.

Son aura est immense dans le pays, notamment dans les ghettos de Lagos. Ses attaques frontales contre les militaires lui valent de nombreuses arrestations. Sa résidence,la Kalakuta Republic, où il vit en roi au milieu de ses nombreuse femmes, est saccagée (sa mère, défenestrée à cette occasion, meurt peu de temps après) par les militaires, qu’il compare à des Zombies. Les Zombies qui « ne parlent pas si tu ne leurs demandes pas de parler/ qui ne pensent pas si tu ne leurs demandes pas de penser ». »Dis-lui de tuer et il tue, dis-lui de marcher droit et il marche droit ».

http://www.dailymotion.com/video/1ycSlpDruYlpE84CS

 

L’audience accrue de Fela, notamment à l’étranger, pousse les autorités à faire taire cette voix rebelle à toute concession. Une fois sorti de prison, il s’exile au Ghana, d’où il est chassé, car, là bas aussi, il prend le dictateur local pour cible. Avec le retour d’un gouvernement civil au pouvoir, Fela pense pouvoir se lancer dans l’arène politique, en vain. Il passe de nombreuses années en prison (pour possession de cannabis, puis pour une affaire de corruption imaginaire), avant d’être libéré en 1986. Affaibli et malade, il s’éteint, victime du sida, en 1997.

Plus de dix ans après sa disparition, l’héritage de Fela reste immense, à commencer par ses compositions hypnotiques, qui s’étirent fréquemment au-delà du quart d’heure et qui n’ont pas pris une ride: Lady, Sorrow tears and blood, Shakara, Rofofo fight, Truth don die. D’autre part, sa soif de liberté et son combat permanent contre la corruption et la dictature forcent le respect.

Publié dans Afrique, L'HISTGEOBOX / musique et politique | 7 Commentaires »

Tiken Jah Fakoly.

Posté par bricabraque le 18 novembre 2007

Tiken Jah Fakoly. dans Afrique 27 

Tiken Jah Fakoly entouré d’enfants.

Doumbia Moussa naît dans le nord ouest de la Côte d’Ivoire en 1968. Il prend le nom de Fakoly en référence à un de ses aïeux, un des chefs de guerre de Soundiata Keita, le fondateur de l’empire Mandingue au XIIIème siècle. Il se réclame ainsi de l’héritage de la confrérie des chasseurs (qui existe depuis le VIIème siècle), à l’origine de la Charte du Mandé, un serment passé entre les chasseurs et Soundiata Keita,  l’engageant à fonder son royaume sur l’entente, l’amour, la liberté et la fraternité, par delà les différences ethniques.

 Chanteur engagé, Tiken Jah Fakoly pourfend la « Françafrique », la politique africaine de la France (voir le chapitre sur la politique étrangère de la France), qui n’hésite pas (faut-il parler au passé ?) à apporter son soutien aux régimes dictatoriaux et corrompus tant que ces derniers s’engagent à ne pas toucher aux intérêts français dans leurs pays ; ce néo-colonialisme qui a pris le relais de l’exploitation coloniale.

Sa chanson « Françafrique » dénonce : « La politique Francafriqua/c’est du blaguer tuer[…]/Pendant que nous nous battons/Ils pillent nos richesses/et se disent surpris de toujours voir l’Afrique en guerre/Ils ont brûlé le Congo, enflammé l’Angola[…]Ils cautionnent la dictature/Tout ça pour nous affamer. »  Dans « Y en a marre », il lance « Après l’abolition de l’esclavage/ils ont créé la colonisation/lorsque l’on a trouvé la solution, ils ont créé la coopération/Comme on dénonce cette situation/ils ont créé la mondialisation/Et sans expliquer la mondialisation, c’est Babylone qui nous exploite ».

 

Il refuse le regard paternaliste et condescendant des media occidentaux dès qu’ils évoquent l’Afrique. Il fustige le durcissement de la politique migratoire en Europe, particulièrement en France. Lors de son concert parisien à l’Olympia (septembre 2007), il dénonçait le recours aux tests ADN dans le cadre de la politique de regroupement familial (dans « où allez où ? », il adopte le point de vue des jeunes hommes désespérés qui tentent le tout pour le tout pour rallier l’Europe, vue comme un Eldorado, d’où la déception de nombreux immigrés une fois arrivés en France : « Un Africain à Paris »). Il dénonce le discours de Nicolas Sarkozy en visite à Dakar et la vision qu’il donne de « l’Africain », fataliste et passif,  résigné à subir la mondialisation.

tjf dans L'HISTGEOBOX / musique et politique La pochette du dernier disque de TJF (avec une référence évidente à la confrérie des chasseurs).Mais il réserve aussi ses critiques aux nombreux dirigeants africains corrompus. Depuis une dizaine d’années, Fakoly fustige ces dirigeants qui se maintiennent au pouvoir coûte que coûte (« Mangercratie »), la fraude électorale, mais aussi l’excision (« Non à l’excision »), les mariages arrangés (« Ayebada »), les politiques d’émigrations restrictives (« ouvrez les frontières »). Aux yeux de nombreux Ivoiriens, il est devenu le porte-parole d’une autre Afrique, démocratique, égalitaire, fraternelle.

Porte voix des opprimés, lui qui se déclare « en guerre permanente contre l’injustice et l’inégalité », il trouve dans le reggae le courant musical idéal pour porter son message. Musique de lutte et de rébellion, « le reggae dit ce que les autres musiques ne disent pas ».

http://www.dailymotion.com/video/x178zo

Il milite pour une unité africaine, la réconciliation des Ivoiriens. « A partir de 2000, le combat politique est devenu très agressif. On est passé de l’ivoirité à un nationalisme exacerbé. […] Une guerre religieuse en Côte d’Ivoire, je pense que c’et vraiment n’importe quoi. » Il s’engage de plus en plus dans le mouvement alter mondialiste et se prononce pour l’annulation de la dette des pays africain. TJF est aussi le président de Toloni, une association pour le développement de l’éducation et de la scolarisation.

Image de prévisualisation YouTube

 

Son militantisme et ses messages dérangent, au point qu’il a du s’exiler à Bamako, après l’assassinat d’un de ses amis (le comédien Camara H). Lui-même a reçu des menaces de mort. Désormais, il attend beaucoup des élections qui doivent se tenir en Côte d’Ivoire en 2008, en espérant qu’elles soient réellement démocratiques. D’ici là, TJF continue de creuser son sillon, persuadé que « la musique est l’arme du futur », comme le disait le grand Fela Kuti.

Lien: le site officiel du chanteur.

- Pour compléter, regardez cet épisode du dessous des cartes, qui revient sur l’histoire de la Côte d’Ivoire, afin de mieux comprendre les problèmes actuels auquel le pays est confronté:

http://www.dailymotion.com/video/6myQZuaV2573RgMsx

Publié dans Afrique, L'HISTGEOBOX / musique et politique | 1 Commentaire »

Le génocide rwandais.

Posté par bricabraque le 25 octobre 2007

Le génocide rwandais. dans Afrique t-Rwanda_Genocide_Memorial_1_1_

Mémorial aux victimes du génocide rwandais.

Le 6 avril 1994, l’avion ramenant de Dar-es-Salaam à Kigali le président rwandais hutu Juvénal Habyarimana est abattu. Dès le 7 avril, les extrémistes hutus massacrent des chefs de l’opposition hutue et déclenchent l’extermination des Tutsis. Ces tueries durent d’avril à fin juin et ont fait entre 800 000 et un million de morts. Si l’attentat contre l’avion présidentiel (dont on ignore toujours les auteurs) constitue bien l’élément déclencheur des massacres, ces tueries ont été programmées par le pouvoir, depuis plusieurs années. Ces massacres, particulièrement cruels, durent 100 jours (avec une moyenne d’au moins 8000 morts par jour). Les victimes sont traquées, exécutées à la machette ou par arme à feu. Le salut ne réside souvent que dans les marais dans lesquels les vicitmes désignées se terrent et certainement pas dans  les écoles ou les églises, qui sont en fait de véritables souricières.

rwanda_rfgees_tznia_1994 dans approfondir

Camp de réfugiés en Tanzanie, fin 1994.

Depuis 1990, des affrontements opposent le gouvernement rwandais dirigé par Habyarimana à la rébellion armée du Front patriotique rwandais (FPR) qui rassemble des exilés tutsis réfugiés en Ouganda. Pourtant, une logique de paix l’emporte en août 1993 avec les accords d’Arusha (Tanzanie), fondés sur un partage du pouvoir entre le président Habyarimana, les partis d’opposition intérieurs et le FPR. Mais les provocations et la violences des extrémistes hutus à la fin de 1993, rendent impossible l’application des accords. C’est dans ce contexte tendu que s’inscrit le génocide de 1994.  La guerre entre FPR et le gouvernement rwandais reprend le 8 avril 1994  (juste après les premiers massacres). Les troupes du FPR, commandées par Paul Kagame, parviennent à contrôler l’ensemble du pays, mettant fin au génocide au début de juillet. Le FPR contrôle le pouvoir depuis lors.

Congo-Expo-1935 dans guerre froide / relations internationales

Affiche de l’exposition internationale de Bruxelles en 1935.

Aux origines de la tragédie. 

  Pour bien comprendre ce génocide, il semble nécessaire de remonter aux origines de la tragédie. Les sociétés de la région des Grands Lacs présentent des traits originaux. Les catégories socioprofessionnelles y sont imbriquées, sans qu’il soit possible de cantonner un groupe ethnique dans une activité précise. Or, la colonisation transforme en profondeur les comportements. 

Colonisés par les Allemands dans les années 1890, les royaumes du Rwanda et de l’Urundi passent aux mains des Anglais pendant la grande guerre, avant d’être confiés par la SDN à la Belgique en mandat en 1923.

Les Belges sont les champions d’une gestion raciale de la société. Ils s’appuient sur la minorité Tutsie (moins de 20% de la population, mais en majorité chrétienne, à la différence des hutus).

Dans l’Histoire (n°251), Maurice Sartre affirme : « C’est dans les années cruciales qui précèdent la Seconde Guerre mondiale que se constitue « l’immatriculation raciale » de la société au Rwanda-Urundi ». Non que Tutsis et Hutus soient des mythes. (…) Mais le partage ethnique n’a cessé d’être caricaturé, simplifié à l’extrême jusqu’à un dualisme source des affrontements présents ». 

quadro_etnico_tutsi_hutu_twa

Les théories raciales des colonisateurs sont vulgarisées.

Ainsi les théories raciales des colonisateurs opposent les Tutsis, « Européens noirs », aux « nègres » Hutus. Ces théories finissent par dresser la majorité hutue contre la minorité tutsie choyée par la puissance coloniale. Dès lors, ces derniers passent pour des « étrangers », des parasites qui profitent du système socio-économique, alors que la plupart d’entre eux sont de petits paysans.

En 1959, le décès du dernier roi tutsi Mutara Rudahigwa est suivi de révoltes paysannes hutues qui provo­quent l’exode de centaines de milliers de Tutsis. Aux législatives de 1961, les partis Hutu l’emportent. Ils conserveront dès lors le pouvoir jusqu’en 1994, notamment le major Habyarimana, qui se fera élire à la présidence pendant vingt ans, après son coup d’Etat militaire de 1973.  

Pourquoi peut-on parler de génocide ? 

  Le tueries de 1994 constituent bien un génocide selon la définition de l’article 2 de
la Convention
sur le génocide  (1948), d’un acte criminel prémédité commis dans le but de détruire méthodiquement un « groupe national, ethnique, racial ou religieux ». L’intention d’exterminer est évidente en effet. Il s’agit d’un crime collectif planifié commis par les détenteurs du pouvoir, c’est-à-dire l’entourage direct du président, auquel il faut ajouter les cadres communaux et préfectoraux, la garde présidentielle et des milices. 

Les milices armées utilisent des armes à feu, mais aussi les machettes, dont les blessures, si elles ne sont pas fatales, laissent souvent des traces indélébiles.

 Pour J. Kotek (dans l’Histoire n°267), « le génocide fut la conséquence du choix délibéré d’un régime aux abois d’inciter à la haine et à la crainte pour se maintenir au pouvoir ».   Afin que le génocide se réalise, il a aussi fallu que les tueurs hutus soient préparés psychologiquement. Une propagande se met donc en place. Le périodique Kangura et la radio « libre » des Mille Collines (« la radio qui tue) se chargent de diffuser les discours racistes. Dans ces media, les Tutsis sont diabolisés, assimilés à des cafards, des parasites, qu’il convient donc d’éliminer.   Les milices Interahamwe (« ceux qui combattent ensemble »), créées par le parti du président (MRND) constituent un corps de tueurs spécialisés ; auxquels il convient d’ajouter des paysans, l’armée et la gendarmerie (selon certaines estimations, près de 200 000 personnes ont participé aux massacres). Les autorités locales, préfets, bourgmestres, directeurs d’école, médecins encadrent la population.   

rwanda210 

Milicien Interahamwe à Kigali en avril 1994

Les responsabilités de la communauté internationale.   Au-delà des responsabilités spécifiquement rwandaises, la communauté internationale n’est pas indemne de reproches, loin de là. Pour le spécialiste Howard Adelman, « on ne peut imaginer de génocide plus facile à éviter ». 

 -         Les Nations unies, par exemple réduisent presque à néant (de 2500à 270 casques bleus) la Minuar (Mission des Nations unies pour le Rwanda), après l’assassinat de dix Casques bleus belges le 7 avril 1994. 

 -         Les EU, traumatisés par leur intervention en Somalie, refusent d’intervenir dans cette région, dans laquelle ils ont peu d’intérêts. 

-         La Belgique a retiré précipitamment ses troupes après la mort de ses soldats. 

-           La France, quant à elle, ne réagit pas face à la montée d’un racisme d’État attesté dès 1991. Elle aurait contribué à armer le gouvernement rwandais dans sa lutte contre la rébellion armée du FPR.  

Liens utiles:

- Le dossier consacré au génocide de M. Augris, une chronologie et l’interview exclusive de Jean Haztzfeld.- Une suggestion de bande dessinée par M. Auger.

- Une enquête minutieuse de la RTBF: « l’engrenage du pire« , suite, suite 2, fin. - Le site du tribunal pénal international pour le Rwanda.- Un site intéressant sur le génocide.

- un article intéressant et des liens utiles sur le blog histoire géo de Louis Brun.

- Une courte video qui revient sur cette « tragédie évitable« . http://www.dailymotion.com/video/5RAjjJ0nLReBD7H4c


   

Publié dans Afrique, approfondir, guerre froide / relations internationales | 7 Commentaires »

1...7891011
 

dartagnan |
D A T A F O R U M |
Génération Citoyenne |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | machinesabois
| 1954-1962 : "Hed Thnin !"
| Elayam.3 ا...