Le duel Jaurès / Déroulède en une du Petit Journal.
Sur son formidable blog, « Camille Desmoulins » consacre un excellent article aux « vrais duels politiques ». Il y revient sur quelques uns des plus illustres duels, ceux opposant Charles Floquet au général Boulanger, Georges Clemenceau à Paul Deschanel, le colonel Henry au colonel Picquart, Jean Jaurès à Paul Déroulède, enfin Gaston Deferre à Roger Ribière.
Bruno Icher revient sur cet ultime affrontement dans le journal Libération (voir lien). Son récit ne manque pas de sel, jugez plutôt…
« Le dernier duel en France eut lieu en avril 1967. Il opposa le maire de Marseille, Gaston Defferre, bagarreur impénitent, à René Ribière, député gaulliste passé à la postérité grâce à cette passe d’armes. Après une sévère empoignade verbale à l’Assemblée nationale, le mot qui fâche a été prononcé par le député SFIO, en l’occurrence un sonore «abruti !», qui conduit Ribière à expédier deux témoins et une invitation à en découdre à son offenseur. A moins, bien entendu, que celui-ci ne consente à retirer ces dures paroles. Or, Defferre, vieux briscard habitué au maniement des armes (ancien résistant coriace et déjà protagoniste d’un duel vingt ans plus tôt avec le radical Paul Bastid, directeur du quotidien l’Aurore), ne retire rien. D’autant qu’il n’ignore pas l’incompétence absolue de son adversaire en matière d’escrime.
Les deux hommes finissent par se retrouver dans le jardin ombragé d’un hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, en bras de chemise, épée en main, pour régler cette affaire. Trois assauts et deux blessures légères plus tard infligées à Ribière, le combat s’achève sous le regard amusé d’une cohorte de journalistes goguenards qui traiteront le fait divers avec ironie. Defferre ne put s’empêcher de faire circuler les détails croustillants du combat, insistant sur le fait qu’il ne cessa de viser de la pointe de la lame les parties génitales de son adversaire, qui devait se marier le lendemain. Ribière estima néanmoins que les estafilades qui ornaient désormais son avant-bras avaient suffisamment lavé son honneur bafoué, et c’en fut terminé à tout jamais d’une longue histoire. »
Liens:
- L’intégralité de l’article de Bruno Icher consacré aux duels.
- Compte rendu de l’ouvrage de François Guillet: »"L’honneur au fil de l’épée ».
- L’article de Wikipédia sur les duels.
- Une copie du Dauphiné du 22 avril 1967 sur le duel Deferre/Ribière.